Comment surpasser les limites de la greffe ?

B- Les organes artificiels

1. La Cornée :

 

Le 21 avril 2009, pour la première fois en France, une équipe médicale d'un hôpital de Marseille a réalisé une greffe de cornée artificielle sur un patient qui ne pouvait pas recevoir un greffon humain. Pourtant, la greffe de cornée humaine est une technique bien maîtrisée et le risque de rejet est faible car l'organe est très peu vascularisé. Mais dans certains cas, à la suite d'une brûlure par exemple, des vaisseaux colonisent la cornée et augmentent ainsi le risque de rejet. L'autre inconvénient est le nombre de patients qui pourraient bénéficier de cette greffe : 10 millions à travers le monde selon l'OMS pour seulement 100 000 greffes chaque année.

 

La cornée artificielle se présente alors comme une alternative. De la forme d'un disque de 7 millimètres de diamètre, elle est composée de 90% d'eau et de 10% de gel polymère*. Autour de la partie centrale, transparente, une partie spongieuse favorise la colonisation par les cellules de l'organisme : il n'y a pas de risque de rejet.

 

Cette technique a déjà été réalisée aux États-Unis : au bout de 4 à 28 mois selon les patients, les trois quarts d'entre eux ont retrouvé une autonomie visuelle qui leur permet de distinguer les formes.

 

2. Pancréas artificiel

 

Le pancréas artificiel s'adresse surtout aux diabétiques ayant un taux de glycémie très difficile à équilibrer. Il doit permettre trois objectifs : prévenir les complications du diabète (altération des nerfs et des vaisseaux), réduire les risques d'hypoglycémie et améliorer la vie quotidienne du malade.

 

Le premier élément de cet organe artificiel est la pompe à insuline, un cylindre de 2 cm d'épaisseur et 8cm de diamètre pesant 130g, qui perfuse de manière continue et réglable l'insuline grâce à une télécommande externe. Un petit entonnoir en son centre permet un remplissage transcutané d'insuline, ensuite délivrée dans l'organisme par un cathéter « flottant » dans l'abdomen.

 

L'autre pièce principale est le détecteur de glucose. Long d'un centimètre et d'un diamètre de 3 mm, il flotte dans la veine cave supérieure, juste au-dessous du cœur. Il est relié à la pompe par un câble invisible et impalpable.

 

Cette alternative éliminerait le délai d'attente et la prise d'immunosuppresseurs. La perspective d'un pancréas artificiel est proche, mais il reste quelques procédés à valider comme la fiabilité du détecteur de glucose et celle du système dans son ensemble, capable de fonctionner en « boucle fermée » (la perfusion d'insuline s'adapte au taux de glucose mesuré).

 

3. Coeur artificiel

 

On connaissait les pacemakers ou les défibrillateurs implantables, appareils chargés de contrôler et rectifier les battements du cœur. A présent se profilent des cœurs entièrement artificiels, indispensables pour les personnes ne pouvant bénéficier d'une greffe.

 

En 2008, un protoype a été mis au point par le Pr Carpentier, spécialiste mondial des prothèses cardiaques, et il pourrait être implanté sur un humain dans quelques temps, puis sur des millions d'autres, hommes ou femmes en insuffisance cardiaque qui attendent une greffe, en vain. La machine a déjà été testée sur le veau et le mouton et reproduit la physiologie d'un coeur, avec deux ventricules activés séparément par deux pompes. Des piles extérieures fournissent l'énergie nécessaire à la prothèse. Celle-ci est principalement composée de biomatériaux*, c'est-à-dire de matières animales qui ne sont pas rejetées par le corps humain. Il s'agit surtout d'éviter que le sang ne produise des caillots, ce qui est généralement le cas, au contact de matériaux extérieurs. À cause de ce problème, les coeurs artificiels testés dans le monde n'ont tenu que quatre ans en moyenne.

 

4. Rein artificiel

 

Les fastidieuses séances de dialyse seront peut-être un jour remplacées par le port en permanence d'un petit rein artificiel. Depuis des décennies, des chercheurs sont en quête de dialyseurs miniatures qui permettraient aux malades de vaquer à leurs occupations pendant que leurs reins sont épurés. Jusqu'ici, leurs espoirs ont été déçus, aucun prototype n'étant assez fiable et performant pour être commercialisé. Mais un modèle mis au point par une firme américaine suscite de nouveaux espoirs.

 

Il y a deux ans, une équipe internationale avait publié les résultats encourageants d'un rein artificiel portable chez huit malades en insuffisance rénale terminale. Muni de batteries de 9 volts, l'appareil qui pèse 5 kg peut être porté à la ceinture. Il fonctionne sur le même principe que les machines d'hémodialyse classiques (épuration du sang). Ses performances techniques sont suffisantes pour le proposer comme alternative à l'hémodialyse classique. « L'objectif est celui d'une filtration 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, comme le font habituellement les reins » précise le Dr Victor Gura, auteur de l'étude et conseiller scientifique de la société américaine qui développe ces reins artificiels portables. La miniaturisation continue, et les nouveaux appareils pèsent désormais moins de 4 kg.

 

La prochaine étape consiste à mener des essais cliniques à plus large échelle mais faute de financement, ils n'ont pas commencé. «Cette équipe est sur la bonne voie » estime le Pr Bernard Charpentier, chef du service de néphrologie de l'hôpital Bicêtre, près de Paris. L'idéal, selon lui, serait de pouvoir faire des dialyses à la carte, avec un système de capteurs qui analysent les paramètres du malade et adaptent instantanément les modalités de filtration.



Suite : c) Les xenogreffes

 
 



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